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      Sous l’influence philosophique de la Mother et de Sri Aurobindo, Auroville est un projet de design urbain né d’un amalgame de concepts utopiques reconnus par la spécialiste de l’histoire de l’urbanisme : madame Françoise Choay. Pour le démontrer, voici comment les notions de ceinture verte, de séparation des fonctions et de centre spirituel servent l’utopie urbaine dans la réalisation de ce projet peu commun.

 

Ceinture verte 

         

          Issu d’un milieu populaire, l’urbaniste Ebenezer Howard a un intérêt marqué pour l’agriculture et possède des talents d’inventeur. Celui-ci n’adhère pas au libéralisme économique et croit plutôt en la coopération, en particulier au sujet de la propriété du sol (Paquot, 2010). Dans son œuvre To-morrow : a peaceful Path to Real Reforme (1898), son objectif n’est pas urbanistique, mais bien politique. À cette époque, à l’heure d’un exode rural massif et d’un accroissement démesuré de la population des villes, il entreprend de montrer comment, dans la combinaison ville-campagne, on peut jouir de possibilités de vie sociale égales et même supérieures à celles qu’offre la ville populeuse, tandis que les beautés de la nature environneront, baigneront dans chacun de ses habitants (Paquot, 2010).

 

         « Ebenezer Howard s’intéresse aux techniques, il ne souhaite aucunement un retour à la terre qui ignorerait l’électricité. Bien au contraire, il attend beaucoup du progrès comme libération des hommes et des femmes en ce qui concerne, par exemple, les tâches épuisantes ou répétitives. Il conçoit sa Cité sociale comme un lieu de production de richesses techniquement avancé, offrant du travail à tous et permettant à chacun de se réaliser» (Paquot, 2010).

 

           L’idée fondamentale de la cité-jardin selon Howard est l’association d’un centre urbain fortement organisé et industriel et d’une ceinture verte permanente de fermes et de parcs entourant ce centre; chacune des cités serait un élément d’un réseau de cités-jardins identiques. Dans son livre, Howard fixe à 32 000 le nombre d’habitants maximum pour la cité-jardin idéale, sachant qu’il prévoit des grappes de 6 cités-jardins reliées entre elles et la cité centrale (Paquot, 2010). Cela favorise selon lui le sentiment d’appartenance et l’implication citoyenne. Il avance également qu’une cité idéale devrait occuper environ un sixième de son territoire (+/- 17 %) et laisser le reste du terrain libre (Paquot, 2010).

 

          Sa cité-jardin qui est circonscrite de façon précise est bornée par une ceinture verte destinée à empêcher toute coalescence avec d’autres agglomérations (Choay, 1965). « Une garden-city ne peut s’étendre dans l’espace; elle ne peut que se dédoubler à la manière des cellules vivantes, la population surnuméraire allant fonder un nouveau centre, à une distante suffisante, et qui sera lui-même entouré de verdure» (Choay, 1965).

 

           Au même titre que les cités-jardins d’Howard, le master plan d’Auroville prend forme dans un contexte où, en Inde et à l’étranger, les villes connaissent une forte croissance démographique et une tendance marquée par l’urbanisation. Le master plan prévoit innover d’une part dans les règlements de planification de manière à contrer ce phénomène, donc limiter la densité d’habitants et, d’autre part, Auroville espère démontrer comment l’urbain et le rural peuvent se développer de manière complémentaire, intégrée et holistique pour leur bénéfice mutuel et le bien-être de ses habitants. Cela implique à la fois que la ville et l'environnement soient intégralement planifiés en ce sens. Ainsi, notons que la Mother visait atteindre une population de 50 000 habitants et qu’Auroville n’utilise à ce jour qu’environ 17 % de son territoire (Auroville info).

 

            Suivant cette idée, une bande de verdure (the green belt) ceinture le projet d’Auroville. En effet, la green belt zone est prévue pour la réalisation de trois grandes catégories d’activités soit l’agriculture et l’élevage, la forêt et la régénération des terres, ainsi que, pour les loisirs. Le développement de cette zone est conçu pour promouvoir l’amélioration de la biodiversité, la gestion environnementale, la régénération des sols et la gestion de l'eau, impliquant un transfert de technologie des activités ci-dessus pour une application plus large (site officiel d’Auroville).

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