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Auroville, ville expérimentale

 

           Auroville a été réfléchie comme une ville expérimentale, voulant que l’étude de l’intervention en général devienne un modèle urbain. Ainsi, au-delà de la forme elle-même, la Mère vise à mettre sur pied une société qui n’intègre ni système politique, ni religion fixe. Sa mission : une ville universelle interculturelle, au-dessus de toutes les croyances, les politiques et les nationalités dans la paix et l’harmonie (Kapoor, 2007). L’unité humaine est envisagée en priorisant 3 aspects, soit, la spiritualité, la société et l’écologie. Prenant une place prépondérante sur l’ensemble du projet, voici donc différentes considérations du développement durable qu’applique Auroville.

 

        Premièrement, elle doit d’abord réfléchir à régénérer l’environnement austère en place. Les citoyens mettent donc de l’avant différentes pratiques connues du développement durable en passant par l’agriculture durable motivée par le travail constant du sol, le traitement des eaux usées, la conservation de l’eau, la reforestation massive et la promotion d’énergie renouvelable, autant pour la construction de bâtiments écologiques que pour les demandes énergétiques. La ville est construite sur un terrain aride et dépourvu d'infrastructure qui oblige ses habitants à être consciencieux face à la nature pour y habiter avec harmonie. Auroville se veut également être un laboratoire des nouvelles pratiques pour l'Inde, mais aussi à travers le monde. 

Reforestation et biodiversité 

            

         Dès les premiers tracés de la ville, le manque d'arbres dans les environs est évident au sein de cette terre stérile choisie pour y implanter le projet. Le processus de reforestation se déclenche alors, visant ainsi à protéger la biodiversité en place et à propager les espèces indigènes. La plantation d'arbres, en général, augmente la qualité de l'air, crée des secteurs d'ombre, retient l'eau de pluie des moussons dans le sol, fertilise le sol et embellit le décor de la ville. Auroville est maintenant internationalement reconnue comme l'un des projets les plus réussis sur le plan de la restauration d’écosystème dans le monde. Elle contribue grandement à la reforestation de l’Inde par la plantation de plus de 2 millions d’arbres. Parmi eux, il y a aujourd’hui quelque 300 espèces indigènes d’origines, chiffre en croissance (Kapoor, 2007). Conséquemment, les Aurovilliens accordent beaucoup d’importance aux arbres et à la constance de leur investissement via le développement durable.

Traitement de l'eau 

 

          L'Inde est particulièrement touchée par le phénomène de la mousson, vent tropical saisonnier grandement influencé par la présence de la chaîne himalayenne au nord du pays et par le désert du Thar. De manière à contrer le ruissèlement direct des eaux de pluie, les habitants d’Auroville ont donc créé des barrages et de l’enrochement à travers le terrain accidenté et stérile. Ce processus permet à l'eau d'aller sous la couche de gravier et d’alimenter de ce fait la nappe phréatique, plutôt que de s’écouler directement dans les zones périphériques. Ce systhème permet aussi d'irriger le sol pour le precessus de reforestation. 

 

 

            

          À Auroville, une vaste récolte de l’eau se fait grâce à des barrages et à un système de rétention et de traitement des eaux usées. La plupart des systèmes de recyclage des eaux combinent un dispositif de prétraitement, un plan de traitement principal, et un centre de post-traitement, généralement constitué d'un ou plusieurs étangs ou de polissage réservoirs. Sur plus de 320 hectares de terres agricoles à Auroville, seuls les deux tiers sont actuellement en culture alimentaire active. L'autre tiers est utilisé pour le bois de culture ou en jachère. Environ la moitié de ces terres sont irriguées, l'autre moitié étant utilisée pour des cultures pluviales.

 

Énergie renouvelable

            

         Au commencement du projet, l’absence d'infrastructure incite les Aurovilliens à se tourner vers les énergies renouvelables : des éoliennes pour pomper l'eau, des digesteurs domestiques, des techniques de constructions écologiques comme l’utilisation de ressources locales, ainsi que des concentrateurs solaires et des panneaux solaires photovoltaïques pour les besoins énergétiques de la ville. De plus, le Matrimandir accueille la plus grande installation solaire photovoltaïque en Inde. Ce grand concentrateur solaire est aussi utilisé dans des espaces de cuisines communes qui nourrissent près de 1000 personnes par jour (Kapoor, 2007). Les Aurovilliens appliquent ces mesures d'énergie renouvelable dans leur communauté et l'exportent aussi vers l'extérieur. En utilisant d'anciens moulins à vent d'un projet infructueux du gouvernement, la ville a pu développer une manière de pomper l'eau de la nappe phréatique pour les besoins de la communauté. Aujourd'hui, cette pompe éolienne est considérée comme la plus efficace en Inde. Par ailleurs, plusieurs organismes s'y installent au fil des ans pour promouvoir l'énergie renouvelable dans la ville, par exemple : Living Routes, Auroville Village Action Group et Auroville Renewable Energy (Aurore). Ce dernier s'y est installé en 1997 et a développé une expertise dans le pompage d'eau par énergie solaire. Les pompes sont alors installées dans plusieurs régions en Inde. L’utilisation de ces technologies vertes améliore la vie au sein d'Auroville, dans la région biogéographique et dans régions avoisinantes.

Agriculture

            

        Le sol étant à l’origine très aride, il n'aide pas les agriculteurs à subvenir aux besoins de la population locale. Des techniques d'irrigation autant en hiver qu’en été, la culture de semences non hybrides et des méthodes biologiques sont des pistes d'explorations et de réalisations pour le secteur alimentaire aurovillien. Un autre facteur à prendre en considération dans la consommation alimentaire est la pratique de nouvelles habitudes de consommation émergentes ainsi que le style de vie qui en découle. Auroville comprend présentement une douzaine de fermes de tailles différentes et fonctions variées. Les agriculteurs choisissent, selon leurs intérêts, ce qu'ils veulent cultiver, et ceci dans une conscience écologique, en tenant compte de la consommation adéquate de l'eau, de l'énergie et de la qualité du sol. Aussi, en plus de la culture alimentaire en générale, certaines fermes se spécialisent dans la transformation de produits telle que le fromage, la confiture et autres. Par ailleurs, certains fermiers se spécialisent dans la construction de banques de semences et dans l'alimentation animale pour la communauté agricole. La très grande majorité des aliments sont alors biologiques. D'autres vont œuvrer dans le secteur des communications et de l'éducation, ces dernières accueillent des étudiants et certains curieux d’à travers le monde.

Déchet et pollution 

              

 

          L'Inde fait face à de nombreux problèmes reliés à la gestion des déchets et de la pollution que génèrent les grandes entreprises comme les usines. L’implantation d’un système de traitement des matières résiduelles, comptant entre autres des systèmes décentralisés de traitement des eaux usées et l'installation de toilettes à compost, a donc été nécessaire à Auroville. Des chercheurs se penchent aussi sur la question du traitement des matières résiduelles relatif à la santé, alors que d’autres sur la gestion des déchets en fonction des règles des « 5 R » (réduire-réutiliser-recycler-retraiter-recapture). Des campagnes de sensibilisions et de nettoyage s’effectuent dans la communauté et plus particulièrement dans les écoles, berceaux de l'éducation. On retrouve aussi un centre de traitement de déchets et un écocentre de triage qui se base également sur les principes du développement durable.

 

Habitation

            

 

Depuis ses débuts, Auroville a comme objectif d’être un laboratoire, une ville expérimentale, et elle le démontre dans les techniques de construction de ses bâtiments. Initialement, il y a un manque de matériaux industriels disponibles et une quasi-absence de maçons et de menuisiers qualifiés. Plusieurs architectes viennent alors construire des projets originaux tout en exploitant des matériaux de construction locaux et des méthodes de construction nouvelles. Par exemple, une centaine de maisons résidentiellesen boue stabilisé par le feu ont été construites, modèle réfléchi par le céramiste Ray Meeker. Le manque d'expertise entraine des constructions vernaculaires, souvent de formes organiques, pour répondre au besoin de logements des dernières années.

 

               Les circonstances physiques et environnementales dans l'emplacement d'Auroville l'amènent à adopter des mesures écologiques pour se développer. De nos jours, encore considérée comme un lieu laboratoire, plusieurs ateliers sont offerts aux professionnels et aux étudiants à travers le monde pour des projets de développement durable.     

 

               Après avoir testé plusieurs essences d'arbres sur le terrain, certains ont été sélectionnés selon leur résistance face au vent des cyclones et leur capacité à survivre dans ce milieu aride. Des 2000 espèces d'arbres plantées lors d’une étude réalisée par des agronomes, seulement 400 ont été retenus. De ceux-ci, seulement 20 espèces correspondent parfaitement au type de climat présent à Auroville. L'arbre neem et l’Acacia auriculiformis, arbre australien baptisé par la Mère comme l'arbre de travail, sont devenus des espèces pionnières qui aideront le retour de plantes dans la forêt sèche tropicale à feuilles persistantes. Cette forêt représente l’un des nombreux territoires qui protègent la biodiversité de l’Inde, comptant 2500 âcres plantés, (Kapoor, 2006). Depuis l’adoption de la Loi sur la protection de la nature en 1972, l’Inde vise à conserver et protéger un minimum de 5 % de son territoire (Wikipédia, 2014). De nos jours, la forêt aurovillienne se compose de six éléments de végétation : arbres, arbustes, lianes, épiphytes, des herbes et des espèces tubéreuses. La ceinture verte du projet fait partie intégrante du processus de reforestation du plan initial de la ville. 

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